culture

Hugues Théorêt a suivi la trace des Nazis à l’Ile d’Anticosti

le mardi 19 février 2019
Modifié à 11 h 35 min le 19 février 2019
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

L’historien Hugues Théorêt a su captiver plus de 80 personnes le lundi 18 février à la Bibliothèque Armand-Frappier, en présentant les recherches qui l’ont mené à la publication de son plus récent livre, L’expédition allemande à l’Ile d’Anticosti. Déjà récompensé du Prix du Canada en sciences sociales en 2014 pour son livre Les Chemises bleues. Adrien Arcand, journaliste antisémite canadien-français publié en 2012, Théorêt est l’un des rares historiens à s’être penché sur cette face méconnue de la présence allemande en territoire canadien dans les années d’avant-guerre. Pour la préparation de cet ouvrage, publié aux éditions Septentrion, l’historien campivallensien s’est rendu sur place, à l’Ile d’Anticosti, en juin 2010. La même année, il a également eu accès au dossier d’archives du gouvernement allemand sur le dossier Anticosti, lors d’un voyage à Berlin. Du bonbon pour ce chercheur, détenteur d’un doctorat en histoire canadienne et enseignant à l’Université d’Ottawa. Position stratégique Dans cette conférence présentée par la Société d’histoire et de généalogie de Salaberry, Hugues Théorêt a d’une part présenté l’histoire d’Anticosti, surnommée «la perle du Saint-Laurent», dont la vaste superficie en fait presqu’un continent en soi. [caption id="attachment_59202" align="alignnone" width="521"] Hugues Théorêt a eu l’occasion d’accéder aux archives publiques du gouvernement allemand sur le dossier Anticosti. (Photo Journal Saint-François Pierre Langevin)[/caption] Il a particulièrement abordé les années d’avant-guerre alors que, dès 1936, l’Allemagne d’Adolf Hitler avait manifesté son intérêt pour acquérir l’île, sous des prétextes d’approvisionnement en ressources forestières. Anticosti aurait-il pu devenir un avant-poste stratégique pour les forces hitlériennes ? Ses recherches démontrent comment ce dossier avait fait les manchettes à cette époque, non sans susciter l’inquiétude de la population et de nombreuses interventions politiques tant à Québec qu’à Ottawa. [caption id="attachment_59203" align="alignnone" width="355"] L’ouvrage «L’expédition allemande à l’Ile d’Anticosti est publié aux éditions Septentrion. (Photo Septentrion)[/caption] D’ailleurs, c’est le refus officiel du premier ministre Maurice Duplessis de vendre cette île, annoncé au printemps de 1938, qui aurait mis un terme aux volontés des Allemands d’acquérir celle-ci. «Duplessis a vraiment passé pour un héros à la suite de ce refus», rappelle l’expert. Malgré tout, «l’Affaire Anticosti» a semé son aura d’inquiétude jusqu’à la fin des hostilités en avril 1945, alors qu’une surveillance militaire y a été maintenue par la marine canadienne. L’historien Théorêt évoque d’ailleurs en détails les méfaits causés par la marine allemande dans les eaux du Golfe Saint-Laurent à partir de 1942, alors que pas moins de ses six sous-marins (U-Boot) sont parvenus à couler de nombreux navires, militaires ou affectés au ravitaillement. «Ils n’étaient peut-être pas débarqués à l’Ile, mais ils connaissaient les fonds marins du fleuve par cœur», note-t-il. Hugues Théorêt travaille actuellement sur un prochain ouvrage traitant de la perception qu’avaient les journaux canadiens-français à l’égard de l'extrême droite européenne pendant l'entre-deux-guerres. [caption id="attachment_59204" align="alignnone" width="521"] L’histoire de l’Ile d’Anticosti a aussi été marquée par un de ses propriétaires, le richissime chocolatier français Henri Menier. (Photo Journal Saint-François Pierre Langevin)[/caption]