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Grave pénurie de main-d’œuvre dans les restaurants

le mardi 11 septembre 2018
Modifié à 23 h 59 min le 11 septembre 2018
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

À l’ère du plein emploi, alors que la population vieillie et que la main-d’œuvre qualifiée commence à manquer, les restaurateurs cherchent des solutions pour attirer des employés fiables et de qualité.  « Nous manquons de personnel et nous devons couper des heures de service. Les gens pensent que nous le faisons pour le plaisir ou parce que les gens ne veulent pas venir travailler chez nous. Ce n’est pas ça le problème, c’est qu’il manque de personnel partout », explique Marie-Josée Domingue, propriétaire au Casseau du Fort à Coteau-du-Lac qui a dû cesser de servir des déjeuners la fin de semaine. « Si c’était seulement dans les restaurants. Mais il manque de gens dans les épiceries, les dépanneurs. Les Tim Horton’s n’ouvrent plus la nuit. Les gens ont voulu avoir du service sept jours sur sept avec des magasins ouverts jusqu’à 21 h. Il n’y a plus de personnel », explique celle qui se demande comment venir à bout de cette pénurie. Une courte recherche sur les sites spécialisés en emploi dans les restaurants permet effectivement de comprendre la situation. Patrick Lamothe du Willy’s à Valleyfield cherche des employés depuis deux ans. Idem pour Suzy Bergevin du resto-bar Victoria à Les Coteaux. « J’ai de la difficulté à trouver des gens pour le service. La génération a beaucoup changé. Les jeunes veulent choisir leurs quarts de travail. Ils ne sont plus disponibles les soirs, la fin de semaine. C’est là que j’ai besoin de gens. Mais ils ont le loisir de choisir parce que tout le monde cherche des employés. Si ça ne fait pas ici, ils iront voir ailleurs. Il n’y a plus d’attaches », signifie celle qui croit que les communications ont également quelque chose à y voir. « Avant, pour signifier que tu étais malade et que tu ne rentrais pas, tu devais appeler et parler à ton patron. Maintenant avec les textos, tu écris et tu ne réponds plus. C’est plus facile de se cacher », mentionne celle qui évalue que les choses ont changé il y a environ cinq ans. Génération difficile Avec la population qui vieillit, les employés d’expérience approchent de la retraite et la relève est difficile à trouver. Gilles Hart de l’Œufrier à Valleyfield emploie des mots durs pour certaines personnes. « Il y en a qui aiment mieux être sur le bien-être social que de travailler. Ils veulent le gros salaire et ils n’ont même pas d’expérience. S’ils ont le salaire minimum, ils lâchent souvent sans t’avertir. J’ai un très gros roulement dans la cuisine et ça me met de la pression sur les épaules parce que je ne sais jamais si un matin j’aurai un cuisinier », explique celui qui a déjà envisagé fermer les portes définitivement. Marie-Josée Domingue est moins drastique. « Il ne fait pas mettre tous les jeunes dans le même panier. Oui, il y a ceux qui trouvent toujours des excuses. Mais il y a ceux qui sont merveilleux, fantastiques. Toujours prêts à aider. Le seul problème, c’est qu’ils retournent aux études. Mais à ceux-là je dis que leurs futurs employeurs sont chanceux parce qu’ils auront des gens de qualité avec eux », dit-elle. Pour elle, la solution passe peut-être par une meilleure intégration des immigrants. « Ce sont des gens travaillants. Nous avons besoin de gens et ils ont besoin d’être présents, de s’intégrer et de travailler. C’est peut-être ce que nous cherchons », plaide la femme qui se voit obligée de rouler à effectifs réduits, même si la clientèle veut toujours, tout, tout de suite.