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Ford Expedition 2018 : pourquoi payer plus cher pour un Lincoln Navigator?

le mercredi 28 février 2018
Modifié à 20 h 34 min le 28 février 2018
Le Guide de l'Auto
Article par Alain Morin

L’Expedition 2018 provient de la division Ford. Évidemment, puisqu’il s’agit d’un Ford Expedition! Pourtant, il a le raffinement d’un produit Lincoln. Oh, Ford a eu la bienveillance de le doter d’un moteur moins puissant que celui du Lincoln Navigator, question de respecter la hiérarchie. En utilisant un sonomètre, on pourrait même noter un plus grand silence de roulement dans ce dernier que dans l’Expedition. Les matériaux du Lincoln sont de plus noble facture et la présentation est plus raffinée. Et le sigle Lincoln exprime mieux la richesse que le prolétaire ovale de Ford. Pourtant…

L’Expedition, le plus imposant VUS de Ford, se décline en deux modèles, soit à empattement ordinaire et à empattement allongé. Dans ce cas, il porte le suffixe Max et il allonge le véhicule de 28 centimètres. L’espace supplémentaire est dévolu aux bagages, le coffre passant de 566 à 1 019 litres lorsque les trois rangées de sièges sont relevées.

Trois vraies rangées
Les places de la troisième rangée ne gagnent pas d’espace dans le Max, néanmoins, il n’y a pas lieu de se plaindre. Elles fournissent suffisamment d’espace pour s’y sentir à l’aise et, à moins d’être un joueur de basketball, personne n’aura les genoux dans le front. Quant aux sièges capitaines optionnels de la deuxième rangée, ils s’avèrent très confortables, même après quelques heures. Une banquette est livrée d’office, mais Ford ne nous a pas fait essayer un Expedition nanti de cette dernière. Les sièges installés à l’avant sont encore plus douillets.

375 ou 400 chevaux
Peu importe la longueur de l’Expedition, un seul moteur est offert. Il s’agit de l’omnipotent V6 3,5 litres biturbo (EcoBoost) qui officie déjà dans des véhicules aussi différents que le F-150 et la sportive GT! Dans l’Expedition, ce V6 livre 375 chevaux à 5 000 tr/min et un couple de 470 livres-pied à 3 500 tr/min dans toutes les versions, sauf la Platinum. Cette dernière, qui n’est pas exactement un modèle de simplicité volontaire, a droit à plus d’égards. Son moteur, entre autres, gagne 25 chevaux et 10 livres-pied. En plus, ce couple est atteint un peu plus bas, soit 3 250 tr/min, ce qui améliore les reprises.

À conduire avec un œuf sous l’accélérateur
La boîte automatique à dix rapports effectue un boulot extraordinaire et il faudrait vraiment être de mauvaise foi pour la prendre en défaut. Elle permet au moteur de ne tourner qu’à 1 600 tr/min à 100 km/h (1 900 en mode Sport… un mode qui laisse perplexe dans un VUS de cette dimension. Nous y reviendrons). Au volant d’une version Limited, sur une autoroute puis sur des routes secondaires, nous avons obtenu une moyenne de 13,3 L/100 km.

Cependant, une virée sur un chemin forestier assez abrupt et un petit parcours en hors-route (du hors-route très léger, même une Focus aurait pu passer sans trop de misère!), cette moyenne a rapidement grimpé à 15,7. Ce qui n’est pas si mal pour un véhicule aussi gros. Mais cela prouve que même si l’on peut obtenir une conduite relativement économique au volant de l’Expedition (et de la plupart des grands VUS de ce monde, tous constructeurs confondus), il ne faut pas grand-chose pour que la consommation augmente de façon dramatique.

Un F-150, ou presque
L’Expedition est construit sur le châssis autonome du F-150. Les éléments mécaniques précités proviennent également de cette camionnette, la plus populaire au Canada. Et, tout comme cette dernière, l’Expedition reçoit une carrosserie tout aluminium, ce qui lui permet d’effacer 136 kilos par rapport à la génération précédente. On ne peut tout de même pas le qualifier de poids plume. À moins d’accepter qu’une plume pèse près de 2 700 kilos... Ce duvet peut remorquer jusqu’à 9 300 livres (4 219 kilos) lorsqu’équipé de l’ensemble Remorquage, une option de 1 400 $.

Sur la route, l’Expedition affiche un bel aplomb, même dans les courbes. Certes, on sent un léger roulis, tout à fait convenable pour un véhicule aussi gros et aussi lourd et doté d’un centre de gravité assez élevé. La direction pourrait être un peu plus communicative et directe, mais n’oublions pas que nous ne sommes pas au volant d’une Focus RS. La suspension, indépendante aux quatre coins – à l’arrière du F-150, on retrouve une suspension à essieu rigide –, procure un niveau de confort très relevé. La suspension optionnelle CCD (Continuously Controled Damping ou, si vous préférez, à amortissement contrôlé en continu), offerte sur la version Platinum, ajoute au confort et au dynamisme de conduite. Les pneus de dimension 285/45R22, qui arracheraient une larme à Bill Gates s’il avait à les changer, y sont sans doute pour beaucoup!

Attention : mode Sport…
Pour plus de sensations, il y a toujours la possibilité de choisir le mode Sport de la livrée Platinum. Il raffermit la suspension, modifie la gestion électronique du moteur, aiguise les réflexes de la boîte de vitesses et donne davantage de tonus à la direction. Il bonifie certes les performances (vous devriez entendre le beau ronflement du V6 en accélération!), mais c’est surtout en région montagneuse que ce mode sera apprécié. Toutefois, ce mode Sport ne fait pas de l’Expedition une Focus RS (bis).

Les capacités hors route de l’Expedition sont nettement plus élevées que ce que le commun des mortels n’aura jamais besoin. Sans doute que quelques entrepreneurs qui doivent composer avec des terrains boueux ou rocailleux auront l’occasion de s’amuser ferme. Pour ceux-là, l’option FX4 amène, entre autres, des amortisseurs spéciaux, un différentiel arrière électronique et des plaques de protection.

Finalement, pourquoi un Navigator?
Outre ces considérations bassement terre à terre, je me questionne sur le positionnement de l’Expedition et, surtout du Navigator dans la gamme Ford/Lincoln. Certes, le Navigator est plus musclé, mieux fini et plus beau selon moi. Son prix de base est de 89 600 $ (empattement ordinaire). Celui d’un Ford Expedition Platinum à empattement ordinaire est de 81 349 $. Le pauvre que je suis pense que le Ford constitue un meilleur investissement. En plus, il peut remorquer davantage que les 8 400 livres (3 810 kilos) du Navigator. Mais puisque ce n’est pas moi qui effectuerai vos paiements, choisissez donc ce que vous voulez!

Voici les prix de base canadiens du Ford Expedition 2018 :

  • XLT (modèle à empattement ordinaire seulement) : 60 149 $
  • Limited : 73 149 $
  • Limited Max : 76 149 $
  • Platinum : 81 349 $
  • Platinum Max : 84 349 $
  • Frais de transport et de préparation : 1 790 $