Automobiles

FCA : après Renault-Nissan, voici PSA

le samedi 02 novembre 2019
Modifié à 4 h 02 min le 04 novembre 2019
Le Guide de l'Auto Article par Antoine Joubert

Il y a à peine six mois, il était question d’une alliance historique entre le groupe Renault-Nissan-Mitsubishi et FCA, aussi connu sous le nom Fiat-Chrysler.

Hélas, cette tentative de fusion est rapidement tombée, en partie en raison de l’instabilité qui régnait suite aux déboires de Carlos Ghosn, président déchu de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.

Or, FCA a confirmé cette semaine une fusion avec PSA, qui commercialise aujourd’hui Peugeot, Citroën, ainsi que les marques Opel et Vauxhall, depuis leur rachat à GM en 2017.

Évidemment, il ne faut pas être fin renard pour comprendre que FCA se cherchait désespérément un partenaire afin de poursuivre ses activités en s’adaptant aux besoins et aux exigences environnementales du marché actuel. Avec des marques comme Chrysler et Fiat à la dérive et avec Dodge qui commerciale plusieurs produits vétustes et surtout en raison d’un manque flagrant de modèles écoénergétiques, FCA se dirige actuellement dans un mur à vitesse grand V. Bien sûr, les marques Ram et Jeep performent bien, et il est clair qu’avec l’objectif de mondialisation de Jeep, l’avenir semble prometteur. Or, l’absence de nouvelles technologies, jumelée au fait qu’il manque de fonds pour développer de nouvelles plateformes et motorisations, limite grandement les possibilités.

Fait intéressant, avant même que les négociations de cette alliance ne soient entamées, le président de PSA, Carlos Tavares, annonçait en mars dernier l’intention de ramener la marque Peugeot sur le marché nord-américain pour 2026. Puis, quelques mois plus tard, une seconde annonce allait faire devancer cet échéancier à 2023. Comment Peugeot allait-elle pouvoir en si peu de temps s’adapter aux besoins et aux désirs du marché nord-américain qui, disons-le, demeure le plus lucratif de la planète?

Une chose est certaine, une alliance avec FCA permettra aux deux parties d’en tirer avantage et sans doute, de faire un pied de nez à Renault-Nissan-Mitsubishi. Il faut comprendre qu’en Europe, les marques Ram et Jeep sont d’abord perçues comme du rêve américain, et que leur prolifération à l’échelle mondiale représenterait un virage historique pour le FCA, qui verrait sans doute ses ventes grimper en flèche. Comprenez également que Renault et PSA sont en France les deux ennemis jurés. Deux constructeurs dont la rivalité pourrait nous rappeler celle des Canadiens et des Nordiques, mais avec des incidences économiques juste un peu plus grandes!

Peugeot chez nous?
Est-ce que Peugeot produit actuellement des modèles capables de plaire aux acheteurs nord-américains? Et est-ce qu’on possède des technologies susceptibles de faciliter la transition vers des modèles qui impacteront moins sur l’environnement qu’une Charger Hellcat? Oui, clairement!

D’abord, sachez que Peugeot propose actuellement une gamme de trois VUS (2008, 3008 et 5008), dont les dimensions sont respectivement comparables à celles des Hyundai Kona, Tucson et Santa Fe. Le plus petit des trois modèles, le 2008, propose également une variante 100% électrique dotée d’une batterie de 50 kWh, ce qui permettrait une autonomie approximative de 300 km.

Chez les électriques, Peugeot propose également la e-208, variante d’une compacte à hayon très élégante et dont les dimensions se comparent à celles d’une Hyundai Accent. Cette dernière s’équipe aussi d’une batterie de 50 kWh et d’une motorisation de 136 chevaux.

Peugeot, c’est aussi la 308 (comparable à la Volkswagen Golf) et la très belle berline 508, laquelle viendrait rivaliser avec les Honda Accord et Toyota Camry. D’ailleurs, Peugeot propose aussi une version hybride de cette berline, dont on dit le plus grand bien. Il serait évidemment surprenant de voir débarquer les nombreuses variantes familiales offertes en Europe, ainsi que les véhicules de type monospace ou encore les citadines comme la 108 (format Nissan Micra). Or, Peugeot possède tout de même une gamme en partie capable de plaire aux acheteurs nord-américains et surtout en mesure de combler le vide actuellement laissé par FCA chez leurs concessionnaires.

Ironiquement, Peugeot s’était déjà associée avec Fiat en Europe pour la commercialisation du Ducato (notre Ram ProMaster), qu’on vend aussi là-bas sous le nom de Peugeot Boxer. Alors oui, cela signifie que le ProMaster, quoi qu’il arrive, est là pour rester.

Évidemment, le réseau de concessionnaires FCA faciliterait aussi l’arrivée de la marque Peugeot en Amérique du Nord, qui n’aurait pas à investir des sommes colossales dans le développement de concessions. Une adaptation serait bien sûr requise et il faudrait alors être convaincant pour séduire les actuels propriétaires de concessions Chrysler, dont plusieurs ont été échaudés après avoir investi de grosses sommes pour aménager des salles d’exposition dédiées à Fiat.

L’avenir de Chrysler?
Dans un tel contexte, et sachant que FCA mettra principalement l’emphase sur le renouvellement de ses modèles Jeep et Ram, faudrait-il donc s’attendre à ce qu’on laisse tomber Chrysler? Après tout, en y pensant bien, on ne propose actuellement que la 300 (pour ainsi dire, morte) et la fourgonnette Pacifica, qui pourrait sans doute arborer l’écusson Dodge. Sachant que la Grand Caravan est en fin de carrière, Dodge ne se concentrerait alors que sur des modèles comme la Pacifica et le Durango, ne fermant pas non plus la porte aux désormais mythiques Charger/Challenger. Quant au Dodge Journey, il est déjà chose du passé…

Dans ce contexte, il est donc possible d’anticiper un avenir plus prometteur et surtout plus vert pour FCA. Il est également possible de croire au succès de Peugeot sur le marché nord-américain, particulièrement au Québec, grâce à l’offre potentielle de petits modèles et de véhicules électriques. Reste à voir comment toute cette stratégie serait établie.