Chronique

Des condos et des logements en quantité, mais pour qui ?

le mercredi 18 septembre 2019
Modifié à 7 h 56 min le 18 septembre 2019
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Réalité ou illusion? Les complexes de condos ou d’appartements à louer semblent pousser comme des champignons sur la Rive-Sud de Montréal. Et ce, bien que les prix augmentent sans cesse et que les nouvelles réglementations obligent les acheteurs à garantir qu’ils peuvent faire face à d’éventuelles hausses de taux d’intérêt – qui finiront bien par monter un jour. Si on se fie aux données colligées par Paul Cardinal, économiste et directeur du service économique à l’Association des professionnels de l’habitation au Québec (APCHQ), le phénomène de la construction d’immeubles en hauteur est une réalité. Et cet élan de construction s’appuie dès le départ sur une demande qui dépasse l’offre. En juillet 2019, le taux d’inoccupation pour les logements, sur l’ensemble de la Rive-Sud n’était plus que 1,8%. Un an plus tôt, il se situait à 2,9%. La région appelée «Rive-Sud» s’étend de Mercier à Verchères en passant par Chambly, mais c’est du côté de Saint-Constant, Candiac, Châteauguay et Brossard, que la pression est la plus forte. Même Salaberry-de-Valleyfield, plus à l’ouest, n’y échappe pas. Voici quelques autres statistiques probantes fournies par la Société canadienne d’hypothèque et de logements (SCHL). En juillet 2019, on comptait 3 935 unités locatives en construction sur la Rive-Sud, en hausse de 30% par rapport à juillet 2018. Oui, les appartements dans les résidences pour personnes âgées sont en augmentation, mais elles ne comptent que pour quelques centaines d’unités du côté de Sainte-Julie. Le reste? Des ménages et gens plus jeunes qui veulent habiter hors de Montréal. Du nombre, 1 000 se trouvent de l’ancienne ville de Longueuil, un peu moins à Brossard, 300 à Candiac, 226 à Châteauguay et environ 200 à Saint-Constant. C’est la même tendance en ce qui concerne les condos. Toujours en juillet 2019, on comptait 1 535 unités en construction, soit 29% de plus qu’un an plus tôt, l’essentiel du côté de Brossard. Pourquoi cet engouement? «On peut retenir deux éléments, dit Paul Cardinal, de l’APCHQ. Habiter à Montréal coûte cher. Donc, les gens regardent autour. Mais il faut aussi comprendre l’attrait du futur train du Réseau électrique métropolitain, le REM. Sur la Rive-Sud, tout ce qui pousse à côté se vend comme de petits pains chauds.» Voilà de quoi alimenter l’intérêt d’habiter sur la Couronne sud, surtout que son économie se développe de plus en plus en pourtour de la Métropole, sans qu’on ait besoin de s’y rendre…