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Des actes violents préoccupent les intervenants scolaires

le jeudi 15 décembre 2022
Modifié à 13 h 59 min le 16 décembre 2022
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Diverses mesures ont été mises en place à l’ÉBSF pour gérer les épisodes de violence et d’intimidation. (Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)

Le phénomène de la violence et de l’intimidation est préoccupant à l’école de la Baie-Saint-François. On ne parle plus d’événements isolés dans cette institution de 1575 étudiants. Des vidéos de bagarre ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Des cas de chicane ont pris une autre dimension en dehors de l’école. La direction ne se cache pas la tête dans le sable. Elle multiplie les efforts afin de s’assurer que ce passage au secondaire soit le plus positif possible.  

«On ne nie pas le phénomène de l’intimidation ou de la violence, soutient Suzie Vranderick, directrice adjointe au Centre de services scolaires de la Vallée-des-Tisserands. Comme on en retrouve dans d’autres écoles.»

La transition du primaire au secondaire est un passage obligé qui peut être perturbant. On retrouve des étudiants en pleine puberté, qui cherchent à socialiser, mais aussi à s’affirmer dans ce milieu scolaire. Un beau mix d’émotions et de tempéraments. 

Le phénomène semble avoir pris de l’ampleur cette année. Assez que des caméras de surveillance et des agents de sécurité se sont ajoutés. L’agent communautaire est toujours en poste. En contact avec ses collègues de la Sûreté du Québec qu’il lui est arrivé d’appeler cette année.

Mme Vranderick avance que le chantier à l’école amène une configuration différente de l’espace physique. Il y a moins d’espace extérieur, davantage de locaux modulaires. La promiscuité est plus grande qu’à l’habitude.

(Photo Journal Saint-François – Mario Pitre)

«Je comprends les parents qui sont inquiets, témoigne pour sa part le directeur Joël Mercier. Ils sont touchés par ce qu’ils voient et les événements passés sont frappants. Mais nous comptons sur une super équipe qui a à cœur la sécurité des étudiants.»

Ce qui se passe à l’ÉBSF n’est pas unique à elle. Le portrait de l’école pourrait expliquer que le phénomène prenne de l’ampleur.

«L’école est située dans un milieu défavorisé et il s’agit d’une grosse école; ces deux éléments jumelés donnent des préoccupations de tous les niveaux pour les élèves et leur sécurité, indique Nathalie Chiasson, travailleuse sociale de formation. Les phénomènes de l’intimidation et de la violence sont complexes, mais il y a beaucoup de choses de faites pour les contenir. Si bien que malgré tout ce qu’elle a vu, j’enverrais mes enfants à cette école.» 

Un travail d’équipe

Il est difficile de dresser un portrait de la situation. Joël Mercier constate, sans généraliser, que les clientèles les plus vulnérables sont victimes des actes désobligeants. 

Lorsqu’une situation éclate, les directions adjointes prennent en charge le dossier. Selon la gravité, différentes sanctions peuvent être appliquées. Mais autant il y a le bâton de la répression, autant il faut outiller les «agresseurs et les victimes» dans une réparation. «L’idée est de les inclure pour faire face aux différents problèmes, soutient le directeur. Pour en faire des jeunes adultes fonctionnels. Travailler avec les deux parties nous permet aussi de voir sous la pointe de l’iceberg.»

L’ÉBSF est dotée d’un plan d’action contre l’intimidation et la violence qui est connu et disponible pour les intervenants, les élèves et leurs parents. Ceux-ci sont considérés comme des joueurs importants dans la réalisation de l’éducation de leurs enfants. «Parmi les facteurs de protection, plus les élèves réussissent et plus ils ont un passage scolaire positif», résume M. Mercier. 

Mme Chiasson parle des différents niveaux d’action que sont la prévention, l’intervention et la gestion de crise. L’école représente également un milieu de vie et l’apport de partenaires est important. Il permet de créer une communauté éducative qui répond aux besoins des élèves. Ainsi, une vingtaine de partenaires participent à la vie scolaire.

Par exemple Pacte de rue qui agit en prévention à proximité de l’école ou Via l’Anse qui a outillé le personnel scolaire sur la façon de désamorcer ou gérer certains actes.

Les réseaux sociaux

Le phénomène de l’intimidation dépasse les frontières de l’école. Les réseaux sociaux peuvent devenir des déclencheurs et des propagateurs de conflits.

«Des fois les lundis matin sont spéciaux, avoue M. Mercier. L’école ferme le vendredi, on revient de la fin de semaine et il s’est passé des choses. Dans nos interventions, on scrute les réseaux sociaux. C’est une dimension qui s’est ajoutée au fil des ans.»

Animer les jeunes

Cindy Hardy est technicienne en loisirs depuis un an à l’école secondaire. Souvent, près du local de la radio étudiante, les jeunes viennent la retrouver pour se confier. Elle se veut une bonne oreille. «Je trouve que c’est un environnement de travail exceptionnel, confie celle qui a complété son secondaire à cette école. Je suis dans l’action avec les jeunes. Ils viennent me voir et je suis comme une intervenante/confidente.»

Elle a aussi conçu un horaire d’activités variées. Que ce soit du sport, mais aussi les échecs, des parties de loup-garou ou de l’artisanat. Les jeunes peuvent décompresser dans le loisir. 

La technicienne en loisir est aussi responsable de la halte. Il s’agit d’un local d’apaisement près des services avec divers intervenants scolaires. Un autre endroit pour aller chercher une clientèle parfois plus isoler pour les intégrer aux activités.  

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