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CHSLD : les pires ratios infirmières/patients sont en Montérégie-Est

le mercredi 21 octobre 2020
Modifié à 8 h 32 min le 22 octobre 2020
Par Ali Dostie

adostie@gravitemedia.com

Une infirmière et deux infirmières auxiliaires pour 224 patients. Ce ratio qui prévaut au CHSLD René-Lévesque lors d’un quart de nuit est le deuxième pire de l’ensemble des CHSLD de la province, selon un palmarès dévoilé mercredi par la Fédération interprofessionnelles de la santé du Québec (FIQ). La Montérégie-Est y fait piètre figure, trônant au sommet de la liste. Sur le parterre du Centre d’hébergement René-Lévesque, dans l’arr. du Vieux-Longueuil, les 125 effigies représentant autant de patients illustrent la charge de travail d’une infirmière qui œuvre en CHSLD. https://www.dailymotion.com/video/x7wyrny La FIQ et la FIQ/Secteur privé veulent ainsi montrer au premier ministre et au ministre de la Santé Christian Dubé «ce que représentent les ratios actuels. Avec toutes ces personnes à s’occuper en un quart de travail, ça ne fait pas beaucoup de minutes pour chacun d’eux», déplore la présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Est Brigitte Pétrie. Reflétant la pénurie de personnel avec laquelle le milieu de la santé doit composer depuis des années, les chiffres dévoilés aujourd’hui par la FIQ n’ont rien de surprenant pour la présidente du Syndicat de la Montérégie-Ouest Mélanie Gignac. «C’est désolant, exprime-t-elle. Et j’ai peur que ces statistiques ne s’aggravent, avec les démissions et tout ceux qui tombent en maladie. Ça fait peur.» «Ça fait longtemps que l’on dénonce cette situation. Ce que l’on jugeait épouvantable il y a cinq ans, eh bien, c’est devenu notre quotidien, s’inquiète-t-elle. C’est rendu quasiment normal pour nous de courir tout le temps.» Mme Gignac estime que la loyauté des infirmières à l’égard de leur travail et de leurs collègues a longtemps été tenue pour acquis. Mais là, «elles ont atteint leurs limites». Des conditions qui ne sont pas sans conséquence pour les patients, relève Brigitte Pétrie. «C’est sûr que les patients reçoivent des soins de moins bonne qualité… un pansement qui n’est pas changé, des erreurs médicales, ça peut arriver.» Réduire la surcharge de travail est au cœur des revendications des infirmières qui sont à la table de négociations depuis plus d’un an avec le gouvernement. Leur convention collective a pris fin au 31 mars. Mme Pétrie juge que le gouvernement doit d’abord admettre qu’il y a une surcharge de travail et «accepter de modifier les choses». «Si les membres sont plus heureux au travail, ils vont vouloir rester», exprime-t-elle, alors que la main-d’œuvre demeure difficile à recruter. Un point de vue que partage le président du Syndicat pour la Montérégie-Centre Denis Grondin. «On sait que les impacts de meilleurs ratios ne se feront pas sentir dès les prochains mois, mais nous devons rendre la profession attractive pour remplir les classes et ressentir les effets dans 3, 4 et 5 ans. Il faut donner le coup de barre tout de suite.» Au-delà de l’ouverture de postes supplémentaires, M. Grondin estime qu’une loi établissant clairement des ratios professionnels de la santé/patients assurerait une application uniforme. Le premier ministre François Legault a affirmé la veille être prêt à faire des «efforts financiers» pour réduire la surcharge de travail des infirmières. «C’est drôle qu’il dise ça juste après qu’on ait bloqué deux ponts, a lancé Mme Pétrie, en référence aux moyens de pression réalisés sur les ponts Jacques-Cartier et de Québec. Nous attendons de voir les propositions.» Mélanie Gignac avoue être peu optimiste, en regard des propositions gouvernementales faites jusqu’à maintenant, «qui ne reflètent pas nos besoins». Les infirmières maintiendront cette pression en refusant cette fin de semaine les heures supplémentaires obligatoire (TSO); un autre enjeu au cœur des discussions. Évoquant le contexte de la pandémie, le gouvernement Legault refuse d’abolir le TSO, bien que cela faisait partie des promesses de la CAQ. Triste palmarès [caption id="attachment_101830" align="alignright" width="379"] Le CHSLD René-Lévesque figure au deuxième rang des pires ratios.[/caption] Parmi les trois pires ratios infirmières/patients recensés par la FIQ dans l’ensemble de la province, deux ont été observés en Montérégie-Est. Outre le CHSLD René-Lévesque, le Manoir-Trinité, sur le boul. Jacques-Cartier, à Longueuil, compte un ratio de 119 patients/1 infirmière auxiliaire, lors d’un quart de nuit. En Montérégie-Est, 11 CHSLD affichent un ratio jugé «très dangereux», et 4 se trouvent dans la catégorie «dangereux ++». Le Centre d’hébergement Chevalier de Lévis, à Longueuil, entre dans cette catégorie, avec un ratio de 146 patients pour deux infirmières auxiliaires et une infirmière. Du côté de la Montérégie-Centre, le Centre d’hébergement Henriette-Céré (ratio de 100 patients/3 infirmières auxiliaires, 2 infirmières, le soir) inquiète et est jugé «très dangereux». Quatre autres établissements suivent dans la catégorie «dangereux ++». Ces chiffres, bien qu’alarmants, n’étonnent pas le président du Syndicat pour la Montérégie-Centre Denis Grondin. Il espère que leur dévoilement sensibilisera la population. «Ces ratios sont inacceptables. Quand on n’a pas le temps d’écouter les patients, pour mieux comprendre leurs besoins, leurs peines, on est loin du meilleur que l’on souhaiterait être en mesure d’offrir», souligne-t-il, rappelant la lourdeur de plus en plus grande des soins à prodiguer. Si le portrait semble moins alarmant en Montérégie-Ouest, le ratio de 74 patients/2 infirmières auxiliaires/1 infirmière au CHSLD d’Ormstown est classé «très dangereux». Le palmarès brosse un portrait des 306 CHSLD du Québec, publics et privés où travaillent les membres de la FIQ. Effectué entre le 1er et le 18 septembre, il identifie une moyenne des ratios professionnelles en soins/patients sur les quarts de travail de jour, de soir et de nuit.       Montérégie-Est Sur le territoire du Courrier du Sud «Très dangereux» Centre d’hébergement René-Lévesque : 224 patients/2 infirmières auxiliaires/1 infirmière la nuit Centre d’hébergement de Monseigneur-Coderre : 155 patients/1 infirmière auxiliaire/1 infirmière la nuit Centre d’hébergement Manoir-Trinité : 119 patients/1 infirmière auxiliaire la nuit «Dangereux ++» Centre d’hébergement Chevalier de Lévis : 146 patients/2 infirmières auxiliaires/1 infirmière la nuit   Montérégie-Centre Sur le territoire du Courrier du Sud «Très dangereux» Centre d’hébergement Henriette-Céré : 100 patients/3 infirmières auxiliaires/2 infirmières le soir «Dangereux +» Centre d’hébergement Saint-Lambert : 73 patients/2 infirmières auxiliaires/1 infirmière la nuit «Problématique» Centre d’hébergement Champlain : 102 patients/2 infirmières auxiliaires/2 infirmières la nuit   Montérégie-Ouest Sur le territoire du Journal St-François / Le Soleil de Châteauguay / Le Reflet «Très dangereux» Centre d’hébergement d’Ormstown : 74 patients/2 infirmières auxiliaires/1 infirmière la nuit «Dangereux ++» Centre d’hébergement Cécile-Godin (Beauharnois) : 80 patients/2 infirmières auxiliaires/1 infirmière la nuit Centre d’hébergement de Vaudreuil-Dorion : 128 patients/3 infirmières auxiliaires/2 infirmières la nuit Centre d’hébergement Docteur Aimé-Leduc (Salaberry-de-Valleyfield) : 168 patients/3 infirmières auxiliaires/3 infirmières la nuit Centre d’hébergement Pierre-Rémi-Narbonne (Saint-Rémi) : 62 patients/0,5 infirmière auxiliaire/1 infirmière la nuit «Dangereux +» Centre d’hébergement de La Prairie : 124 patients/3 infirmières auxiliaires/2 infirmières la nuit Centre d’hébergement de Châteauguay : 138 patients/3 infirmières auxiliaires/2 infirmières la nuit «Problématiques» Centre d’hébergement du comté-de-Huntingdon : 60 patients/2 infirmières auxiliaires/1 infirmière la nuit Centre d’hébergement et CLSC Coteau-du-Lac : 75 patients/1 infirmière1 auxiliaire1/1 infirmière la nuit