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Des canaux sur fond de controverse

le mercredi 30 mai 2018
Modifié à 17 h 15 min le 30 mai 2018
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

ENVIRONNEMENT. Décidément, les élus municipaux de Saint-Zotique et les résidents du secteur Notre-Dame-des-Rivières ne sont pas sur la même longueur d’onde en lien avec la problématique entourant la circulation des embarcations de plaisance dans les canaux devenus trop peu profonds pour accéder au lac Saint-François. Vendredi, le «Journal Saint-François» a été témoin de divergences d’opinion assez évidentes entre le maire de la municipalité, Yvon Chiasson, et des riverains qui ont initié une pétition réclamant plus de vigilance des autorités dirigeantes pour régler cet épineux dossier. D’un côté, les résidents ont la certitude que l’ajout de sable à la plage de Saint-Zotique est à la source de la formation de dunes à l’embouchure des canaux. Le maire, pour sa part, nie catégoriquement tout transport de sable à la plage. «Je n’ai pas signé aucune commande d’achat de sable depuis 2005», affirme M. Chiasson. [caption id="attachment_48576" align="alignnone" width="521"] Des dunes se forment près de l’embouchure des canaux menant au lac Saint-François et les riverains plaisanciers éprouvent des difficultés à sortir des cours d’eau. (Photo: Pierre Langevin)[/caption] Les signataires de la pétition sont convaincus que la granulométrie du sable est trop fine à la plage et que ce facteur contribue au déplacement de la matière vers les embouchures des canaux. Le maire répond qu’une étude au montant de 50 000 $ a été réalisée sur la composition du sable et que celui-ci ne pose aucun problème. [caption id="attachment_48578" align="alignnone" width="521"] Un résident de Saint-Zotique, Michel Leblanc a fait monter notre photographe à bord de son bateau et il a dû débarquer pour aller déloger l’embarcation prise au fond du cours d’eau. (Photo: Pierre Langevin)[/caption] Bianca Larochelle, qui a acheté une propriété riveraine en 2013, décrie l’inaction des autorités municipales dans ce dossier et elle leur reproche de ne pas tenir compte des solutions proposées. «La Municipalité ne fait rien. On ne peut plus sortir des canaux et c’est dangereux de pousser un bateau en cas de panne. Souvent, je suis seule avec mon fils et nous aurions besoin d’assistance. On peut se couper avec l’hélice. C’est devenu une question de sécurité», a-t-elle exprimé. [caption id="attachment_48579" align="alignnone" width="521"] Bianca Larochelle, propriétaire riveraine depuis 5 ans, prétend que les autorités municipales font la sourde oreille à leurs demandes. (Photo: Pierre Langevin)[/caption] Le maire se défend d’avoir adopté une attitude de «je m’en foutisme», comme le prétend la riveraine, et il atteste que la Municipalité a investi 200 000 $ en études pour tenter de régler le problème. «On veut les déboucher (les canaux), c’est dans notre intérêt. Il faut empêcher une diminution de la valeur des propriétés, sans compter l’impact sur les poissons et la flore aquatique», élabore M. Chiasson. Le résident à l’origine de la pétition, Marc-André Roy trouve que l’attente pour effectuer les travaux de dragage sont beaucoup trop longs. «En Ontario, ils draguent comme ils veulent. Je me bats depuis 8 ans. Ça ne finit plus», lance-t-il. [caption id="attachment_48580" align="alignnone" width="521"] Cette image fournie par un résident de Saint-Zotique, Sébastien Ciraulo, traduit bien l’urgence de la situation. (Photo: gracieuseté)[/caption] Michel Bibeau, qui habite le secteur Notre-Dame-des-Rivières depuis 2008, n’en revient pas de la dégradation des canaux. «En quelques années, le fond des cours d’eau a épaissi de 4 pouces. Pourquoi ne pas ériger un bras (une digue) pour protéger les canaux», demande-t-il. A cet effet, le maire rétorque que l’installation d’un brise-lame nécessiterait des coûts estimés à 200 000 $ et n’améliorerait pas la situation. M. Chiasson est d’avis que les changements climatiques, dont l’augmentation de la vélocité des vents soufflant du Sud-Ouest, expliquent davantage l’érosion qui cause notamment les problèmes de profondeur dans les canaux. Surtout, le maire de Saint-Zotique maintient que les difficultés à obtenir les autorisations du ministère de l’Environnement pour aller de l’avant avec le dragage sont persistantes. «Il faut un permis pour draguer à l’embouchure des canaux et on ne s’attend pas à avoir le certificat d’autorisation avant le 4 août, au plus tôt. Certaines demandes faites au BAPE remontent à un an et demi», réaffirme Yvon Chiasson. Entre temps, les représentants municipaux doivent se rendre à Akwesasne, le 5 juin, afin d’expliquer aux Amérindiens leur procédure de dragage. Il semblerait que cela fait partie de processus environnemental. Quant aux quelque 600 riverains du secteur considéré comme le joyau de Saint-Zotique, ils doivent attendre… ou débarquer de leur embarcation afin de la pousser quand ils restent pris dans les hauts fonds des rivières.