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Jacques Delisle dernier de l’ère des vrais barbiers

le mardi 23 mars 2021
Modifié à 10 h 56 min le 23 mars 2021
Par Yanick Michaud

ymichaud@gravitemedia.com

Depuis 54 ans, Jacques Delisle pratique le métier qu’il a appris en juillet 1967 et il continue de traverser les époques.   Jacques Delisle est barbier et il est parmi les derniers de sa génération à pratiquer à l’ancienne. «Il n’y a plus d’écoles de barbiers. Je ne sais pas où les jeunes apprennent. Je suis parmi les derniers de ce genre. Maintenant on voit des salons modernes avec des barbières. Qui sont capables de faire beaucoup de styles. Mais le vrai métier de barbier s’en va», estime l’homme qui a amorcé sa carrière à l’âge de 17ans.   «Le 2juillet 1967, j’ai amorcé ma formation de coiffeur pour hommes. À l’école des barbiers Ruel à Montréal. Je sortais du secondaire et je voulais apprendre ce métier. Je suis sorti le 15décembre. J’ai commencé à travailler à Montréal. Puis j’ai été barbier au Salon Jean-Pierre Ranger de la rue Saint-Michel à Vaudreuil-Dorion. Je suis ensuite arrivé à Salaberry-de-Valleyfield pour m’associer pendant cinq ans avec Oréal Vigneux», explique celui qui est finalement revenu dans son Coteau-du-Lac natal en 1973.  

Un Salon Moderne 

Il a alors ouvert le Salon Moderne. Il est toujours propriétaire, seul barbier de l’endroit et à la même adresse. «Il y a une époque, en 1980, ils ont ouvert un gros chantier ici. Ils avaient dit, préparez-vous, votre clientèle va doubler. J’ai eu un autre barbier. Mais après quelques mois, l’usine a fermé. Je suis revenu seul et ça va bien», lance Jacques Delisle qui s’est forgé une clientèle fidèle en un demi-siècle.   «Je suis natif d’ici. Et très engagé dans la communauté. J’ai été conseiller municipal pour deux mandats, de 1989 à 1993, puis de 2013 à 2017. Je suis parmi les fondateurs du Club Optimiste, du Club Chasse et Pêche, de la Société d’histoire. J’ai une vie sociale bien remplie », affirme l’amateur de pêche qui tend encore la ligne à l’occasion.   « J’ouvre du mardi au vendredi. Le samedi, je joue au golf, le dimanche je pêche et le lundi je me repose », rigole celui qui a entendu des milliers d’anecdotes dans son local qui rappelle les belles années des coupes de cheveux et de la barbe taillée de prés. « Je pourrais écrire des livres pour en raconter de toutes sortes. » 

Des clients qui reviennent 

Si les modes ont changé, car il a survécu aux années Beatles où les garçons ont eu la tignasse longue, ses clients demeurent loyaux.   Sauf en ce qui a trait à la pandémie qui lui a coûté une partie de sa clientèle. « Ça a été très dur. J’ai perdu 40 % de ma clientèle. Les gars se sont acheté des clippers. Ils se sont fait couper les cheveux par leurs femmes. Ils ne sont pas revenus. Maintenant que nous sommes rouverts, certains ont encore peur. Tant que nous ne serons pas tous vaccinés, ils vont attendre », juge en terminant l’homme de 71 ans, bien installé sur sa chaise qui a accueilli des milliers d’hommes depuis 54 ans. [caption id="attachment_96954" align="alignnone" width="444"]Jacques Delisle barbier Réal St-Germain a confié sa tête à son ami il y a cinq décennies. Encore aujourd’hui, les deux hommes s’entendent comme larrons quand l’un coupe les cheveux de l’autre. Ils sont devenus comparses d’excursions de pêche. (Yanick Michaud)[/caption]