Opinion

Les avis publics: une question de transparence

le dimanche 24 juin 2018
Modifié à 10 h 30 min le 24 juin 2018
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Ainsi, la Ville de Salaberry-de-Valleyfield souhaite emboîter le pas à d’autres municipalités de la Montérégie en choisissant de cesser de publier ses avis publics dans le journal local pour les inclure uniquement sur son site Internet. Le conseil municipal a en effet adopté à son assemblée du 19 juin un avis de motion pour un éventuel règlement relatif aux modalités de publication des avis publics. La Ville souhaite ainsi profiter d’une des dispositions du projet de loi 122 adopté en décembre 2016 par le gouvernement Couillard. Une économie estimée entre 17 000 $ et 18 000 $ par année pour la Ville sur un budget de 79 M $, c’est-à-dire un gros 0,02% de son budget. Cette mesure, qu’elle soit adoptée à Valleyfield, à Châteauguay ou d’autres municipalités, apparaît comme un pavé dans la mare pour les entreprises de presse régionales qui tirent principalement leurs revenus des ventes publicitaires et qui doivent faire face à une compétition de plus en plus forte des multiples plates-formes numériques. C’est d’ailleurs ce contexte qui a mené à la mise sur pied de la Coalition pour la pérennité de la presse d’information au Québec. Par ailleurs, si la Ville consacre un budget à la publication d’avis publics dans le journal, celui-ci, en contrepartie, n’hésite pas à publier de l’information municipale qui, bien souvent, va au-delà de sa mission purement journalistique. C’est une relation donnant-donnant et une belle collaboration qui risque ainsi d’être sévèrement entachée. Mais bien plus encore, que représente 0,02% du budget de la Ville face à la nécessité de transparence que doit maintenir celle-ci face à ses citoyens. Car, ne soyons pas dupes. Qui parmi vous, chers lecteurs, prendrez soin d’aller fouiller chaque semaine sur le site web de la Ville pour consulter les avis publics ? Alors que le Journal Saint-François est distribué gratuitement, chaque mercredi, de porte à porte. «Les journaux locaux restent la meilleure façon d’informer les citoyens sur des modifications de zonage ou sur l’adoption d’un nouveau règlement, par exemple», estime notamment la Fédération professionnelle des journalistes. C’est souvent en lisant leur journal que les citoyens apprennent que la Ville autorise la construction d’un condo de plusieurs étages dans leur secteur; ou qu’elle a adopté un règlement d’emprunt de plusieurs millions pour un projet qui ne fait pas toujours l’unanimité. Dans ces circonstances, peut-on vraiment parler d’une économie ?