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Après la pandémie, le froid complique la tâche de bénévoles

le mardi 10 novembre 2020
Modifié à 11 h 52 min le 10 novembre 2020
Par Michel Thibault

mthibault@gravitemedia.com

[caption id="attachment_98397" align="alignnone" width="444"] Mario Talbot (Photo Denis Germain)[/caption] Mario Talbot et France Fiset conduisent des gens bénévolement à des rendez-vous médicaux. La COVID-19 a altéré leur mission en les obligeant à attendre leurs protégés à l’extérieur à bien des endroits. Avec les feuilles du calendrier qui tombent, un enjeu majeur s’annonce : le froid. Les deux bons Samaritains liés au Centre d’action bénévole du Grand Châteauguay soulignent que leur tâche ne se limite pas à conduire les personnes, généralement d’un certain âge. « D’habitude, on accompagne la personne jusqu’à la porte du médecin. On doit s’assurer qu’elle est bien », affirme Mme Fiset. Avec la pandémie, elle dit ressentir plus de stress chez la clientèle âgée, mais la dame doit être moins présente pour les usagers. « Il y a des endroits, on ne peut pas entrer du tout. Alors, en attendant la personne, je vais prendre une marche autour. Ça peut durer une ou deux heures ou même plus », fait part la retraitée âgée de 67 ans, qui a fait carrière comme auxiliaire familiale en CLSC.   [caption id="attachment_94142" align="alignnone" width="2560"] Mario Talbot a adapté sa voiture pour rendre service. (Photo Denis Germain)[/caption] « Mon inquiétude, c’est quand il va faire plus froid, avoue-t-elle. Il y a des endroits où on peut attendre de deux à quatre heures. C’est long à moins vingt dans l’auto. » Celle qui fait du bénévolat depuis l’âge de 19 ans, n’a pas l’intention de cesser pour autant. « Je vais continuer. J’ai toujours fait du bénévolat. C’est un besoin chez moi. J’aime le contact humain. Ça me fait aussi sortir de chez moi », explique Mme Fiset. Composer avec le froid ne sourit pas non plus à Mario Talbot. « Avec la pandémie, ça va être l’enfer à moins vingt sur la rue Sherbrooke », indique le résident de Châteauguay qui accompagne des bénéficiaires à Montréal. Actuellement, si un rendez-vous dure un bon moment dans un endroit où il n’est pas admis, il va faire un tour dans les magasins puis il revient une demi-heure avant la sortie de la personne. « J’essaie de trouver une place de stationnement avec un oeil sur la porte d’entrée. Sinon, je stationne plus loin et je fais les 100 pas devant l’édifice », détaille le retraité du domaine de la réparation électronique industrielle. Comme Mme Fiset, il n’a pas l’intention de lâcher. « Je vais continuer pareil. J’en fais une vocation », affirme l’homme de 69 ans. Ce qu’il aime, c’est aider. Et les gens qu’il accompagne ont parfois besoin d’aide pour s’asseoir, trouver un numéro de téléphone, ou obtenir du réconfort. « Parfois, la conversation n’est pas la même à l’aller qu’au retour. Par exemple, quand une personne apprend que le cancer a progressé », confie M. Talbot. Il envisage acheter un téléphone cellulaire pour communiquer avec les usagers au besoin et il anticipe brûler beaucoup d’essence pour se garder au chaud dans sa voiture. [caption id="attachment_94141" align="alignnone" width="2560"] Isabel Filiatrault et Annik Hall respectivement responsable des bénévoles et directrice générale du CABGC. (Photo gracieuseté)[/caption] Cri du coeur Directrice générale du Centre d’action bénévole du Grand Châteauguay et présidente du Regroupement des centres d’action bénévole de la Montérégie, Annik Hall déplore l’impact des mesures mises en place contre la COVID-19 sur l’accompagnement médical. Elle dit comprendre la situation, mais souhaite des accommodements. « Ce n’est pas un service de transport. On n’arrive pas à remplir notre mission. Le service c’est d’accompagner, d’offrir une présence rassurante », souligne-t-elle. Le Regroupement qui compte 25 centres de bénévolat en Montérégie craint de perdre des bénévoles et d’avoir des difficultés à en recruter. Actuellement, 7500 personnes bénéficient du service d’accompagnement médical sur le territoire. « C’est beaucoup de gens », fait valoir Annik Hall. Ça se traduit par environ 55 000 déplacements par année. Quelque 600 bénévoles rendent le service. Le Regroupement exhorte le gouvernement à mettre en place des mesures pour leur faciliter la vie. « S’ils ne peuvent pas accompagner, peut-être qu’on pourrait leur offrir un lieu où attendre ? » suggère Annik Hall. « On est prêts à faire notre part, à former les bénévoles, par exemple, s’il y a de nouvelles mesures », assure-t-elle.