Opinion

Mes respects, monsieur le juge

le jeudi 27 mai 2021
Modifié à 12 h 51 min le 27 mai 2021
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Le juge John Gomery, sur sa fermette à Havelock. (Photo Gracieuseté La Terre de chez-nous)

J’ai éprouvé un certain chagrin en apprenant le décès du juge John Gomery, la semaine dernière, à l’âge de 88 ans.

On a tous connu M. Gomery pour la fameuse commission d’enquête qui a porté son nom et qui a permis de faire la lumière sur le scandale des commandites. Son sens de la droiture, ses questions pertinentes et son sens de l’humour particulier ont retenu l’attention lors de cet épisode qui a permis de dévoiler diverses malversations de fonds publics au bénéfice du Parti libéral du Canada, section Québec.

Mais le juge Gomery ne m’était pas inconnu avant d’être nommé à la tête de cette commission; comme pour plusieurs personnes liées au milieu juridique régional. La première fois que je l’ai vu, il présidait un procès pour meurtre dans l’ancien palais de justice de Valleyfield. Il avait fait condamner Albert Jr Carignan pour le meurtre du bénévole Guy McSween survenu en décembre 2002. Depuis, les salles de bingo du Centre civique de Valleyfield ont été nommées en mémoire de M. Mc Sween.

Mais c’est plus tard que j’ai connu plus personnellement John Gomery. J’étais allé le rencontrer sur sa fermette de 165 acres, à Havelock, pour une entrevue destinée au défunt mensuel agricole Agrivallée, pour lequel j’écrivais.

Ça me faisait tout drôle de retrouver cet homme à l’allure austère, veston-cravate, dans un environnement champêtre, à jardiner, à chaperonner ses poules et ses lapins; sans oublier ses vaches Highland à poil long.

J’avais découvert alors un type sympathique, un gentil grand-papa affable et ouvert à parler de nombreux sujets. Il m’avait d’ailleurs confié que ses parents avaient vécu plusieurs années dans l’ancien presbytère de Rockburn. Et raconté comment il avait vécu difficilement, sur cette même ferme de Havelock, la crise du verglas de 1998.

Je l’avais aussi croisé de nouveau alors qu’il présidait le Conseil de presse. Il accordait d’ailleurs une grande importance à la force des médias, qui avaient incidemment mis à jour les prémisses du scandale des commandites.

Je lui vouais du même coup un grand respect, ne serait-ce que pour le fait que cet Anglophone de Montréal avait appris à parler français et se faisait un honneur de converser dans cette langue. Ce qui n’est pas le cas de tous les Anglophones vivant au Québec.

Nul doute que le juge Gomery aura laisse sa marque dans les annales judiciaires et politiques du pays, mais aussi pour ceux et celles qui ont eu la chance de le rencontrer.