Économie
Actualités

Le manque de main-d'oeuvre au menu pour les restaurateurs

le mardi 24 août 2021
Modifié à 0 h 00 min le 25 août 2021
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

(Photo - depositphoto)

S’il y a une denrée rare en cuisine, ce sont les employés. Déjà grandement affectés par la pandémie, les restaurateurs doivent composer avec une pénurie de personnel. Certains usent d’imagination tandis que d’autres n’ont eu d’autres choix que de procéder à une fermeture temporaire.

C’est le cas du Kim Do sur la rue Maden à Valleyfield. «Dû aux circonstances et a un manque de personnel, nous devons interrompre nos opérations et fermer nos portes pour une période indéterminée, est-il écrit sur leur page Facebook. Il n’y aura aucune opération chez Kim Do, c’est-à-dire que nous ne prenons pas de commande de livraison ou de commande pour emporter ni de réservation ou de service en salle à manger.»

La microbrasserie La Centrale, à Beauharnois, ressent aussi les impacts du manque de main-d’œuvre. «Notre chef va partir alors on a dû prendre une décision rapidement, informe le co-propriétaire Pierre-Luc Côté. Les deux propriétaires et mon beau-frère prendront donc les rênes dans la cuisine. »

Ce qui implique que le menu est réduit cette semaine. Le restaurateur précise cependant que la pénurie de personnel n’est pas la plaie du moment. Depuis l’ouverture de la microbrasserie à Beauharnois, le staff n’est pas complet en cuisine. 

«Un de nos employés fait un retour aux études tandis qu’un autre déménage, explique Patrick Leroux de la Marine marchande. Mais au-delà, on roule toujours en manque de personnel en cuisine. On rencontre des gens, mais il n’y a pas 100 000 candidats. » Le restaurant de Saint-Stanislas-de-Kostka a opté pour mettre un terme au service de déjeuner-diner mis en place récemment. 

Pandémie et PCRE

La fermeture des restaurants par la santé publique a eu un effet pervers sur le métier. Les employés de cuisine ont eux-mêmes dû se réinventer par moment. «Le gros coup est venu des employés de cuisine qui se sont trouvé un autre métier et qui ont pu avoir leurs fins de semaine ou leurs soirs de libres, expose M. Côté. Ils ont pu apprécier ce changement. »

Patrick Leroux admet avoir une admiration pour les cuisiniers. Des gens qui travaillent avec passion. Dans des conditions parfois difficiles, notamment en cette quatrième canicule de l’été. Le travail peut aussi être physique et se prolonger de longues heures.

Pour ce qui est de la Prestation canadienne de relance économique (la nouvelle appellation de la PCU), les restaurateurs minimisent ses impacts sur la pénurie de personnel. «On a ressenti des effets durant la 1re et la 2e vague de la COVID, indique M. Leroux. Mais plus pour les aides-serveurs (busboy), à la crèmerie ou aux employés qui remplissent les réfrigérateurs ou s’occupent de l’entretien. » 

Pierre-Luc Côté ne blâme pas les étudiants qui ont préféré la PCRE. «Ils ont eu cette opportunité, dit-il. Au même âge, j’aurais peut-être été difficile à motiver. Mais je suis d’avis que le gouvernement en a peut-être laissé un peu trop. J’ai hâte de voir s’il y aura plus de travailleurs quand elle va se terminer. »

Donner son maximum

Les deux restaurateurs ne baissent pas les bras. Tant La Centrale que la Marine marchande sont en opération depuis seulement deux ans. Et ils sont prêts à donner leur maximum pour passer au travers. «Il y a des journées plus difficiles que d’autres où on donne notre 120 % même si le lendemain on devra en donner encore plus parce qu’on sera à court de personnel. Ce qui crée des situations où les clients peuvent être plus difficiles. Mais c’est notre passion alors on continue. » Le restaurant a cependant décidé de fermer lors de la semaine du 30 août afin de donner du repos au personnel.

Patrick Leroux aimerait aussi voir les clients plus résilients face à la situation qui afflige les restaurateurs. «C’est arrivé qu’on ait manqué de personnel au service, dit-il. On limite donc nos réservations. Des gens ne comprennent pas de voir des tables vides. Le manque de personnel, ça joue sur le temps d’ouverture et sur le temps de service. »