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Exaspéré par les déchets rejetés par la rivière Saint-Charles

le mercredi 09 juin 2021
Modifié à 13 h 46 min le 23 juin 2021
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

(Photo Eric Tremblay)

Depuis qu’il réside en bordure de la rivière Saint-Charles, Maurice Richard ne peut pleinement profiter de son bord de l’eau. Cette année, la vue des déchets soulève l’ire du résident de la rue Armand ouest.
Maurice Richard ouvre un sac de poubelle dans lequel il a jeté les déchets recueillis en bordure de la rivière. Condoms, seringues et morceaux de plastiques se côtoient. «Je suis là depuis 5 ans; ça a toujours été ainsi, dit-il. Les voisins me disent que c’est normal.»
Il nettoie régulièrement le bord de la rivière. Au passage du Saint-François, de nombreux déchets flottaient dans les herbes hautes.
À la Ville, on informe que deux raisons peuvent expliquer des déversements du réseau d’égout dans la rivière. «D’une part une forte pluie ou la fonte, laisse entendre Magali Joube, conseillère en communication. À ce moment-là, les réseaux unitaires, pluvial et égout, non séparés encore dans les anciens secteurs, déversent pour ne pas refouler dans les résidences. D’autre part, des travaux sur des postes de pompage, un blocage d’une conduite ou un bris. Au printemps, lors des fortes fontes, il y a nécessairement toujours de fortes surverses.»
Mme Joube rappelle qu’il est important de ne pas utiliser sa toilette comme une poubelle. La pandémie a levé le voile sur la nuisance des lingettes humides dans le réseau sanitaire. Même chose dans le réseau de 7359 puisards de la Ville. On y a vu des gens jeter des résidus verts, des matériaux de construction et même des produits dangereux. «Cette pratique peut occasionner une détérioration du fleuve dans lequel ces produits se déversent, mentionne-t-elle. Pour entretenir les puisards, il faut les vidanger. Faire le tour avec un camion cureur d’égout appelé aussi « vide-puisard » équipé d’un balai peut prendre jusqu’à quatre ans.»
Travaux à la surverse Kent
Le dernier blocage à une surverse est survenu au dispositif Kent près de la rue du même nom et de la rue Hébert. Les travaux ont été réalisés rapidement et dans un processus précis. «Pour chaque travail, la Ville doit déposer un avis au ministère trois semaines à l’avance et il faut aussi en faire la demande au ministère de la Faune, explique la conseillère en communication. C’est un processus très rigoureux qui demande beaucoup d’organisation. »
Animaux morts
Le 31 mai, une carpe, un canard et une grenouille flottaient près des berges. Ils étaient tous morts. Maurice Richard a aussi récupéré des achigans. Il serait présomptueux de relier la présence de déchets et d’animaux morts. Néanmoins, le ministère de la Faune et Urgence Environnement ont été saisis de la question. Ils devraient procéder aux analyses d’usage avec la pleine collaboration de la Ville.
Celle-ci dit constater une amélioration de la qualité de la rivière Saint-Charles. Diverses opérations de nettoyage, menées par des citoyens, des aménagements naturels et des investissements dans les infrastructures contribuent à la santé de la faune et de la flore. La Ville affirme d’ailleurs n’avoir reçu aucune plainte au sujet de ce plan d’eau.
Une érosion qui paraît
Au-delà de l’enjeu environnemental, Maurice Richard est aussi préoccupé par l’érosion de sa berge. Son terrain est particulièrement mou. Un arbre est près de se retrouver dans la rivière. «Je suis comme dans une baie et les vents poussent ici, explique-t-il. Je vois le terrain reculer. Je me dis que si je laisse ça aller, je ne pourrai plus vendre. »
Selon des informations obtenues, l’ancien propriétaire aurait pu vouloir aménager sa bande riveraine avec du paillis. Ce qui expliquerait l’aspect spongieux du terrain.
M. Richard pourrait faire appel à un organisme tel le Comité ZIP pour se faire conseiller dans la protection de son terrain. Parce que le citoyen ne pourrait procéder comme bon lui semble. «Seuls des travaux de stabilisation peuvent être réalisés pour préserver la rive, et ce, en respect de la règlementation provinciale sur laquelle s’appuie la règlementation municipale, mentionne Magali Joube. Ainsi, il est interdit de remblayer, de remettre de la terre, dans la bande riveraine, même sur la partie privée. Des plans doivent être soumis à la Ville lors de la demande de permis.