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À 105 ans, Juliette Ouellette nous livre ses mémoires

le mercredi 11 août 2021
Modifié à 0 h 00 min le 12 août 2021
Par Mario Pitre

mpitre@gravitemedia.com

Juliette Ouellette aura 105 ans ce jeudi 12 août. (Photo Journal Saint-François M.P.)

Peu de gens peuvent se targuer d’avoir atteint l’âge vénérable de 105 ans. Juliette Ouellette pourra le faire ce jeudi 12 août, jour de son anniversaire de naissance et elle demeure encore suffisamment alerte pour nous livrer ses souvenirs.

La dame semblait d’abord confuse à prime abord lorsque nous nous sommes présentés à sa chambre de la résidence Les Cotonniers pour échanger avec elle. La veille, ses amies de l’Association Marie-Reine de Soulanges avaient souligné son anniversaire dans un restaurant.

« J’ai perdu un peu de voix… hier tout le monde venait me rencontrer pour me féliciter. Ça m’a fait plaisir de les revoir », mentionne la native de Saint-André-de-Kamouraska.

À l’école de rang

Rapidement, la plus-que-centenaire reprend ses esprits et nous entretient sur divers moments qui ont parsemé sa longue existence. Comme du temps où elle a enseigné durant 8 ans dans une petite école de rang, entre 17 et 25 ans.

« C’était une toute petite école, j’avais une classe qui comprenait environ 35 élèves, de la 1ère à la 8e année, de même que ceux des cours préparatoires (ancienne maternelle). »

Mais comme c’était coutume à l’époque, la carrière de la maîtresse d’école a pris fin le jour de son mariage avec son premier mari, chef-mécanicien pour la compagnie de chemin de fer du Témiscouata, qui reliait Rivière-du-Loup à Edmunston.

Mme Ouellette a d’ailleurs vécu une grande partie de sa vie à Rivière-du-Loup, où elle assumé les tâches ménagères tout en menant divers petits travaux de couture. Elle n’a jamais eu d’enfants toutefois, bien que ses neveux et nièces se voulaient présents.

Elle a également travaillé durant quelques années comme caissière à l’ancienne Banque Canadienne Nationale. « J’ai été obligée de laisser mon emploi car je ne savais pas parler anglais suffisamment », déplore-t-elle, témoignant du même coup de son amour des gens.

À Montréal

À la retraite de son mari, le couple est venu s’installer à Montréal, mais celui-ci est malheureusement décédé quelques années plus tard.

C’est dans un restaurant de Montréal-Nord que Mme Ouellette fera la rencontre de son second époux qui, admet-elle, « ressemblait beaucoup à l’ancien maire Jean Drapeau. »

(Photo M.P.)

En sa compagnie, ils ont effectué des voyages dans divers pays évoque-t-elle; le Mexique, l’Espagne, les Îles Vierges et, bien sûr, les États-Unis.

Le couple s’adonnait notamment au bridge. « Quand on séjournait en Floride, on participait à des soirées de bridge qui comptaient 42 tables de jeu. Une fois on a gagné le tournoi. Quand on a vu notre nom sur le tableau on n’en revenait pas ! »

Juliette Ouellette a vécu en logement jusqu’à 97 ans avant d’aller habiter en résidences pour aînés. Depuis deux ans, elle habite aux Cotonniers. Bien que sa vue et son ouïe aient diminué, elle demeure alerte pour son âge.

« J’endure mon mal, dit-elle. Je n’ai jamais fait d’abus. On ne peut pas donner des ordres au Bon Dieu, la vie est faite comme ça. Ce qui me fatigue, c’est de rester à rien faire. » 

Fait à noter, Mme Ouellette a détenu un permis de conduire jusqu’à l’âge de 92 ans. « Il y avait toujours des jeunes qui me collaient derrière, ça me faisait peur. J’étais aussi bien d’arrêter avant de provoquer un accident », conclut-elle avant notre départ, ponctué d’une douce poignée de main.