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Le pouvoir des mots selon Jean-Luc Brassard

le mardi 24 septembre 2019
Modifié à 10 h 55 min le 24 septembre 2019
Par Eric Tremblay

etremblay@gravitemedia.com

Il est le Boss des bosses. Ce n’est toutefois pas avec sa médaille d’or olympique que Jean-Luc Brassard a le plus convaincu les élèves de l’école Sacré-Cœur. Mais avec ses mots francs sur la camaraderie et la passion qui ont fait de lui un champion. «Gagner une médaille olympique, c’est difficile et ce ne l’est pas en même temps, a-t-il indiqué aux enfants. Une grande compétition et un examen ont ceci en commun; ils ne sont pas faciles. C’est la même préparation qui mène à la réussite. » Il a rappelé ses premiers jeux à Albertville. Le Campivallensien faisait partie des favoris. Mais il agissait comme une superstar qui avait la tête ailleurs. Jean-Luc Brassard rêvait à une statue, une rue à son nom, une belle voiture et une blonde. Résultat, septième la descente. «J’ai revu toutes les erreurs que j’ai fait durant la semaine, a-t-il indiqué. Imagine ton examen de 6e année, le dernier avant d’aller au secondaire, et que tu ne t’appliques pas. Imagine que tonprofesseur te dise que tu ne passes pas. » [caption id="attachment_70964" align="alignright" width="170"] Jean-Luc a rappelé l'angoisse de sa descente qui lui a valu sa médaille d'or et comment il avait fait pour la surmonter. (Photo Journal Saint-François - Pierre Langevin)[/caption] L’expérience acquise lui a servi deux ans plus tard à Lillehammer. Beaucoup plus à son affaire, il était prêt. Mais avant d’attaquer les bosses, il a dit à son entraîneur qu’il avait peur. «Il m’a demandé pourquoi je skiais et je lui ai répondu que j’aimais ça, a reconnu Brassard. Il m’a alors dit de m’amuser. » Quelques instants plus tard, poing dans les airs au fil d’arrivée, il explosait de joie. Pas parce qu’il savait qu’il avait gagné, mais parce qu’il avait tout donné. Le pouvoir des mots Ce message positif de son entraîneur a eu son pesant d’or. Mais les mots peuvent aussi avoir un volet moins rose. L’athlète a rappelé sa quatrième année, à l’école Saint-Joseph. Avec le petit «tough» de la cour d’école, ils ont pris une jeune fille comme cible. «Elle a toujours été gentille, mais on a décidé de la niaiser, explique-t-il. En gang, on faisait semblant qu’on était capable. Mais elle trouvait ça vraiment pas drôle et elle en pleurait même. Ma mère a vu le manège et elle m’a réprimandé et j’ai décidé d’arrêter de la niaiser et de me tenir avec le petit «tough».

L’esprit sportif, ce n’est pas juste gagner des médailles. C’est de faire attention aux amis. - Jean-Luc Brassard

Pour la petite histoire, celui-ci a eu un parcours plus difficile tandis que la jeune fille mène une belle vie. Tout ça pour dire que les mots peuvent être lourds de sens. Le «Boss des bosses» s’est même mis à encourager ses rivaux. «J’ai oublié certains résultats sportifs, mais je me rappelle de mes amis, soutient-il. En compétition comme à l’école, C’est important de faire attention à ses amis et de les encourager. » Ambassadeur hors pair [caption id="attachment_70965" align="alignright" width="170"] Le médaillé d'or olympique a fait plusieurs parallèles entre le monde du sport et la cour d'école. (Photo Journal Saint-François - Pierre Langevin)[/caption] C’est avec éloquence et précision que Jean-Luc Brassard fait le tour des écoles. Il se veut ambassadeur de l’esprit sportif du programme instauré par le gouvernement. Outre son message positif pour encourager les jeunes à faire du sport sainement dans le plaisir, il parle des outils Sportaide et Sportbienetre.ca qui visent à agir contre l’intimidation et les abus de pouvoir dans le sport. «Le Québec est un leader mondial dans ces dossiers, mentionne Jean-Luc Brassard. Tous, athlètes, entraîneurs, bénévoles, peuvent être un acteur de changement. On a le devoir civil de porter plainte lorsque l’on voit une situation. Ce n’est pas parce que les enfants sont petits, qu’ils ont de petits droits. »