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Une mort causée par une intoxication au dioxyde d'azote

le jeudi 19 octobre 2017
Modifié à 13 h 15 min le 19 octobre 2017
Par Denis Bourbonnais

dbourbonnais@gravitemedia.com

ACCIDENT DE TRAVAIL MORTEL. Une intoxication sévère au dioxyde d'azote serait la principale cause du décès tragique d'un employé journalier qui a été exposé à des gaz dégagés par de la luzerne en fermentation, en septembre 2016, à la Ferme Belcourt située sur la rue Elie-Auclair à Saint-Polycarpe. Telle a été la conclusion tirée par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) à la suite de l'enquête menée en lien avec la mort de Henri André, 74 ans, qui était en l'occurrence le frère du propriétaire de la terre agricole où le drame s'est produit. Le 4 septembre 2016, M. André s'affairait à niveler la luzerne entreposée dans un silo de la ferme. Pour ce faire, le septuagénaire utilisait une fourche à partir d'une plateforme fixée à l'extérieur de la structure. L'homme a ensuite pénétré à l'intérieur du silo par une porte coulissante depuis la plateforme, le temps de finaliser le nivelage de la luzerne. [caption id="attachment_41219" align="alignnone" width="521"] Le travailleur a manœuvré une fourche à partir d'une plateforme fixée à l'extérieur de la structure avant d'entrer à l'intérieur du silo par une porte coulissant.[/caption] Une fois le travail terminé, le résident de la municipalité Les Coteaux a commencé à éprouver des maux de tête à son retour au sol. L'état de santé de M. André s'est détérioré et il a été transporté à l'Hôpital du Suroît à Salaberry-de-Valleyfield. Quelques jours plus tard, il a été transféré à l'Hôpital General de Montréal où il a rendu l'âme, le 11 septembre de l'année dernière. Méconnaissance des dangers La CNESST a identifié deux causes au terme de son enquête pour expliquer l'accident. D'une part, en lien avec l'intoxication sévère au NO2, le remplissage du silo avec de la luzerne avait commencé la veille et le processus de fermentation était déjà amorcé au moment où le travailleur est entré dans le silo. [caption id="attachment_41220" align="alignnone" width="299"] La victime, Henri André, 74 ans, a succombé à l'inhalation de vapeurs toxiques.[/caption] «Cette fermentation dégage du gaz carbonique (CO2) et du NO2, ce dernier étant particulièrement toxique et pouvant avoir un effet à retardement. Ainsi, un travailleur peut se retrouver en situation d'urgence médicale quelques heures après l'exposition alors qu'il ne ressentait que peu de symptômes au départ», décrit la CNESST. D'autre part, la méconnaissance des dangers présents dans les silos ainsi que l'absence de méthodes de travail sécuritaires et de formation ont exposé le travailleur aux gaz de fermentation. «Au moment de l'embauche, les travailleurs n'avaient reçu aucune description des tâches à accomplir ni de formation spécifique concernant la santé et la sécurité du travail», constate la CNESST. Depuis l'accident mortel, l'entrée dans les silos de la ferme est interdite et la CNESST a exigé de l'employeur qu'il élabore une méthode de travail sécuritaire écrite visant à contrôler l'exposition des travailleurs aux gaz de fermentation. «Cette méthode doit prévoir des moyens de prévention qui permettront de détecter ces gaz dans des concentrations excédant les normes établies. L'employeur devra se conformer aux exigences de la CNESST avant d'autoriser des travailleurs ou toute autre personne à accéder aux silos de sa ferme», conclut la CNESST.